Quand on parle d’éco-conception, on pense souvent d’abord aux supports imprimés ou aux sites web. Pourtant, la charte graphique, socle de toute identité visuelle, est, elle aussi, un levier puissant de sobriété.

 

C’est elle qui définit les couleurs, les typographies, les règles de composition, les formats… bref, tout ce qui sera répliqué, décliné, exporté, imprimé. Une charte trop riche, trop floue ou trop lourde peut générer du gaspillage, de la surcharge, et des supports difficiles à maintenir. À l’inverse, une charte éco-conçue anticipe les usages, simplifie la production, améliore l’accessibilité et réduit l’empreinte environnementale de toute votre communication.

Revenir à l'intention

Une identité alignée avant d’être séduisante

L’éco-conception graphique repose d’abord sur une posture : revenir à l’essentiel.
Pas de surcharge visuelle, pas d’accumulation d’effets, pas de styles « tendance » qui deviendront obsolètes dans six mois. Une charte bien conçue sert un objectif, un message, une identité durable.

 

Les bonnes questions à se poser dès la conception :

  • Quelle est la finalité de chaque élément visuel ?
  • Est-il réutilisable, compréhensible, lisible sur tous les supports ?
  • Ce choix graphique est-il compatible avec les contraintes de production (web ou print) ?

 

Astuce : intégrer une section « intentions de design » dès le début de la charte pour poser les bases de sobriété et guider tous les prestataires créa.

Couleurs : maîtriser l’encrage et l’impact écran

Imprimer moins, consommer moins… sans perdre en identité

Les couleurs ont un impact bien réel sur l’environnement :

  • En print, chaque teinte CMJN correspond à un pourcentage d’encrage. Trop de couleurs saturées = plus d’encre = plus de déchets et d’émissions.
  • En numérique, les teintes très lumineuses ou les aplats sombres peuvent consommer plus d’énergie sur les écrans OLED.

 

Une couleur à forte charge (par exemple, C: 75 M: 68 J: 67 N: 90) dépasse 300 % d’encrage.
En éco-conception, on recommande de ne pas dépasser 240 % au total pour faciliter le séchage, la recyclabilité, et limiter les solvants chimiques (COV).

 

Astuce : prévoir dans la charte une palette CMJN optimisée (220–240 % d’encrage max), une palette RVB/HEX pour le web, et indiquer les usages à éviter (fond noir plein, aplat violet foncé, etc.).

« Une charte graphique éco-conçue, c’est une charte qui pense usage, accessibilité, formats et impact. Pas seulement image. »

Typographie : simplicité, accessibilité, légèreté

Moins de polices, plus d’efficacité

Une charte responsable n’a pas besoin de cinq typographies. Deux bien choisies (une pour les titres, une pour les textes) suffisent dans la grande majorité des cas.
Plus vous multipliez les fontes, plus vous alourdissez les fichiers, surtout sur le web.

 

Bonnes pratiques typographiques :

  • Utiliser uniquement les graisses nécessaires (Regular + Bold le plus souvent)
  • Privilégier les variable fonts (1 fichier au lieu de 4 ou 5)
  • Éviter les polices trop fines ou décoratives (souvent peu lisibles)
  • Respecter une taille minimale de lisibilité : 14 px pour le web, 9 pt pour le print

 

Astuce : documenter dans la charte les tailles recommandées, les cas d’usage, et les alternatives systèmes si la fonte ne se charge pas.

Logo et éléments visuels : sobriété modulaire

Un bon logo, c’est un logo qui s’adapte

Un logo complexe, surchargé ou dépendant d’effets visuels (ombres, dégradés, textures) pose problème à l’impression comme à l’écran.

Une charte éco-conçue propose des variantes simples et interopérables :

  • Version monochrome
  • Version inversée (sur fond sombre)
  • Version vectorielle propre (SVG optimisé)
  • Favicon / icône simplifiée

 

Astuce : nettoyer les fichiers SVG avec un outil comme SVGOMG pour alléger le poids sans perte de qualité (jusqu’à –80 %).

Gabarits & formats : anticiper les déclinaisons

Une bonne charte évite la remaquettisation constante

Combien de fois des équipes doivent « inventer » un format, « deviner » une hiérarchie, ou modifier un template sans savoir s’ils respectent la charte ?
Plus une charte est claire, plus elle limite les erreurs, les pertes de temps, et les fichiers inutiles.

 

Inclure dans une charte éco-conçue :

  • Des formats standardisés (A4, A5, web 1080×1350 px, etc.) compatibles avec les usages réels
  • Des grilles de mise en page adaptables
  • Des consignes sur les formats de fichier à exporter (PDF/X-1a pour le print, WebP ou JPEG pour le web)

 

Astuce : créer une page « formats à privilégier / à éviter » dans la charte, avec un tableau clair et argumenté.

Accessibilité : une valeur, une exigence

Contrastes, couleurs, taille :
un design pour tous

L’éco-conception graphique rejoint naturellement les enjeux d’accessibilité :
un support plus lisible est un support plus utile, donc moins sujet à correction, refonte, ou non-utilisation.

 

À intégrer dès la charte :

  • Contraste suffisant (rapport WCAG AA minimum 4,5:1)
  • Ne jamais utiliser la couleur comme seule information
  • S’assurer que les textes restent lisibles en noir et blanc

 

Astuce : tester ses combinaisons de couleurs avec des simulateurs de daltonisme (Coblis, Stark, etc.) et intégrer les recommandations directement dans la documentation.

Préparer les bons fichiers pour éviter le gâchis

Standardisation = efficacité = sobriété

Une part importante du gaspillage vient de fichiers mal préparés, trop lourds, ou mal exportés. Une bonne charte :

  • Définit une nomenclature de fichiers claire
  • Précise les résolutions d’image (72 dpi web / 300 dpi print)
  • Détaille les réglages d’export par canal (profil ICC, fonds perdus, marges de coupe, etc.)

 

Astuce : proposer un « starter kit » incluant tous les fichiers utiles déjà optimisés, nommés, classés et testés.

En conclusion

Concevoir moins, mais mieux

Une charte graphique éco-conçue n’est pas un livrable figé, ni un guide esthétique de plus. C’est un outil stratégique.

Un outil qui permet à chaque intervenant (graphiste, développeur, imprimeur, chargé de communication) de créer des supports sobres, utiles, cohérents et durables.

 

Chez ADBEONA, je conçois des chartes qui allient vision créative et exigence responsable.
Des chartes visuellement fortes… mais surtout efficaces, accessibles, sobres, et prêtes à vivre longtemps.