On a souvent résumé l’éco-conception à une affaire de sites web. Dans un précédent article, j’expliquais déjà pourquoi cette démarche devait s’appliquer à l’ensemble des supports de communication (print, signalétique, événementiel compris).

 

Mais cette prise de conscience ne suffit pas. Encore faut-il savoir comment faire les bons choix, au bon moment : dans la conception graphique, dans le choix des matériaux, dans les circuits de production et dans la stratégie de diffusion.

 

Car la communication durable ne se limite pas à quelques gestes « verts ». C’est un engagement global, un changement de posture, une manière plus lucide et plus responsable de concevoir l’ensemble de ses messages.

Vers une communication graphique sobre, accessible… et puissante

Repenser le « beau » à l’ère de la sobriété

Dans l’imaginaire collectif, sobriété rime encore trop souvent avec austérité. Et pourtant, la communication durable, c’est tout sauf une communication fade. Elle interroge simplement ce qui est réellement utile, pertinent et lisible.

 

Pourquoi multiplier les effets de style si le message ne passe pas ? Pourquoi des visuels saturés de couleurs si l’œil n’y trouve plus de repère ? Le vrai design durable, c’est un design qui respecte l’attention. Un design qui ne crie pas, mais qui tient dans la durée. Un design qui préfère la clarté à la complexité, sans jamais céder à la facilité.

 

Cela implique parfois de revoir ses réflexes :

  • limiter les animations inutiles sur le web ;
  • éviter les typographies trop décoratives ;
  • simplifier les compositions pour améliorer la lisibilité.

 

Mais ce n’est pas un renoncement : c’est une prise de position créative. Et surtout, une manière de renforcer l’impact du message.

L’accessibilité, un pilier souvent oublié

Trop souvent, l’accessibilité est considérée comme une contrainte technique. Pourtant, c’est un levier majeur d’inclusion, de lisibilité et d’impact. Une typographie trop fine, un contraste insuffisant, un texte en couleur sur image : autant d’obstacles pour les personnes en situation de handicap visuel, mais aussi pour les personnes âgées, fatiguées, ou simplement pressées.

 

Une communication durable est une communication accessible par défaut. Cela signifie :

  • Vérifier les contrastes colorimétriques ;
  • Uniformiser les hiérarchies visuelles ;
  • Éviter les contenus uniquement visuels (comme les infographies sans texte alternatif) ;
  • Choisir des typographies lisibles, avec des approches (espaces entre lettres) et interlignages suffisants.

 

Ces choix ne nuisent pas à la créativité. Ils renforcent l’efficacité et l’utilité réelle de chaque support.

«Moins de poudre aux yeux. Plus de clarté. C’est ça, la vraie puissance d’un design durable. »

Le print aussi peut (et doit) être durable

Non, le papier n’est pas l’ennemi

Le problème, ce n’est pas le support papier. Le problème, c’est le gaspillage systémique : impressions massives, documents jetés, formats non recyclables, finitions plastifiées… En clair, le print mal pensé.

 

Pourtant, un support imprimé peut être un excellent levier de communication durable, s’il est :

  • utile (pensé pour être conservé, consulté, utilisé) ;
  • bien conçu (peu d’aplats, format optimisé, usage de couleurs raisonné) ;
  • bien fabriqué.

 

Cela commence par le choix du papier : papier recyclé, sans chlore, certifié FSC ou PEFC. Ces labels garantissent une gestion responsable des forêts et une réduction de l’impact environnemental. On choisira aussi des grammages adaptés (inutile d’imprimer un flyer en 350g…) et des finitions compatibles avec le recyclage (pas de pelliculage plastique, ni vernis UV inutile).

Encres végétales et solvants : attention à ce qu’on respire

On entend parfois parler d’encres végétales. Mais que cache ce terme ? Contrairement aux encres conventionnelles, souvent à base de solvants pétrochimiques, les encres végétales utilisent des huiles issues de plantes (colza, soja…). Résultat : une réduction significative des COV (composés organiques volatiles), ces substances nocives qui s’évaporent à température ambiante, polluent l’air intérieur, irritent les voies respiratoires et participent à la formation de l’ozone troposphérique.

 

Ces encres sont plus chères, certes. Mais elles sont bien plus responsables, tant pour la santé humaine que pour l’environnement. Si l’on souhaite aller plus loin, certaines imprimeries s’engagent aussi sur l’ensemble du processus : énergies renouvelables, réduction des chutes papier, recyclage des plaques offset…

 

Le bon réflexe ? Travailler avec des imprimeurs labellisés Imprim’Vert ou équivalent, et intégrer ces critères dès le brief, pas au moment du BAT.

Des tirages réduits, mais mieux pensés

Imprimer 5000 exemplaires d’un flyer qui finit à la poubelle, c’est un échec total. Un support vraiment durable n’a pas besoin d’être produit en masse. Il doit être ciblé, pensé pour durer, et circuler intelligemment.

 

Quelques pistes concrètes :

  • Centraliser l’impression à des moments-clés de l’année ;
  • Regrouper plusieurs messages dans un seul support ;
  • Proposer un accès numérique en complément (QR code vers une version web optimisée) ;
  • Privilégier le dépôt sur des lieux de passage bien identifiés plutôt qu’un street-marketing énergivore.

 

En clair : produire moins, mais produire mieux.

Une stratégie durable, c’est faire des choix éditoriaux forts

Le bon support, au bon moment

Stop au « multi-canal réflexe ». On ne fait pas de l’affichage, du web, du print, de la vidéo et du podcast juste « parce qu’il faut être partout ». Une stratégie de communication durable consiste à choisir les bons canaux, ceux qui sont réellement cohérents avec :

  • le message ;
  • la cible ;
  • les usages.

 

Par exemple :

  • une animation vidéo légère pour expliquer un processus complexe ;
  • un format long print pour une brochure de fond ;
  • un mini-site allégé pour une campagne temporaire ;
  • un post social media avec du contenu recyclable dans le temps.

 

Faire moins, mais mieux. Et rendre chaque contenu utile, lisible, transmissible.

L’éthique jusque dans la conception

Un design peut mentir. Il peut aussi manipuler, masquer, enjoliver à l’extrême. À l’inverse, un design responsable dit la vérité : sur l’origine du produit, sur l’engagement de la marque, sur les limites d’une offre. Cela suppose :

  • de la transparence dans les messages ;
  • une mise en page honnête (pas de fausses promesses) ;
  • un ton clair, informatif, bienveillant ;
  • des visuels représentatifs (diversité, réalité des usages, etc.).

 

Le design est un outil de narration, et chaque élément graphique peut traduire une intention. Pourquoi ne pas mettre ce pouvoir au service de valeurs durables ?

La communication durable n’est pas une option, c’est une responsabilité

Communiquer, c’est faire des choix. Techniques, esthétiques, éditoriaux, logistiques… Et chacun de ces choix ont un coût, visible ou invisible.

 

Adopter une communication durable, ce n’est pas faire du greenwashing. C’est repenser les fondamentaux, interroger nos pratiques, assumer une forme de frugalité créative. C’est aussi faire preuve d’une rigueur nouvelle : chaque pixel, chaque gramme de papier, chaque impression doit servir un usage réel.

 

Chez ADBEONA, je vous accompagne pour créer des supports durables, utiles, esthétiques et alignés avec vos engagements. Que ce soit pour un site web, une brochure, une campagne, ou votre identité graphique complète, je mets mon expertise au service d’une communication plus sobre, plus saine, plus sincère.