Dans un premier temps, j’ai questionné l’équilibre entre performance, accessibilité et écoconception. Puis, j’ai plongé au cœur des choix techniques : dette logicielle, architecture, complexité. Ce troisième article marque un tournant : il s’agit de passer à l’action. Non pas en déroulant une simple checklist, mais en identifiant les leviers d’écoconception web les plus efficaces, selon une démarche structurée et hiérarchisée, fondée sur le référentiel GreenIT.

 

Ce référentiel, c’est celui de GreenIT. Il constitue aujourd’hui l’une des bases les plus solides pour penser une véritable écoconception web. Il s’appuie sur 115 bonnes pratiques, regroupées en 8 grandes thématiques, chacune pondérée en fonction de son impact environnemental réel. Ces pondérations sont issues d’analyses de cycle de vie (ACV)croisées avec des données empiriques recueillies sur le terrain. C’est aussi ce référentiel qui alimente l’outil EcoIndex, que j’utilise pour évaluer concrètement la performance environnementale des pages web.

Agir là où l'impact est réel

Tous les critères ne se valent pas

Parmi les 115 bonnes pratiques recensées dans le référentiel de GreenIT, toutes n’ont pas le même poids. Certaines n’ont qu’un impact marginal sur la consommation énergétique ou les ressources mobilisées. D’autres, en revanche, concentrent à elles seules l’essentiel du gain environnemental possible.

Une hiérarchisation indispensable

C’est précisément pour cette raison que le référentiel ne se contente pas de lister des actions : il pondère chaque critère en fonction de son impact environnemental relatif. Cette hiérarchie permet de prioriser les efforts, d’éviter les « faux bons gestes » et de concentrer le travail là où il sera le plus efficace.

 

C’est cette logique de pondération par impact réel qui doit structurer l’ensemble de votre démarche.

Réduire le poids total des pages

Un levier prioritaire

Les critères liés au poids des ressources sont parmi les plus déterminants dans le référentiel de GreenIT. Ils ont un impact direct sur la bande passante, le temps de chargement, la consommation d’énergie côté utilisateur et donc sur l’empreinte carbone globale du site.

Ce qui peut être mis en place

Afin de réduire le poids total des pages, on commence souvent par ces actions très concrètes :

  • Compresser les images sans perte visible de qualité ;
  • Utiliser des formats modernes comme AVIF ou WebP ;
  • Réduire le nombre de polices chargées et n’en conserver que les graisses réellement utilisées ;
  • Minifier et combiner les fichiers CSS et JavaScript pour limiter leur taille ;

Et lorsque c’est pertinent, éviter ou alléger les vidéos intégrées, qui sont parmi les ressources les plus lourdes

Pourquoi c'est essentiel

Ces optimisations peuvent réduire le poids total d’une page de 50 à 80%. C’est un levier immédiat, visible, mesurable, et souvent simple à déployer. Il fait partie des critères les mieux pondérés dans le référentiel GreenIT, car ses effets se ressentent dès le premier chargement, pour chaque utilisateur, sur chaque terminal, à chaque visite.

« Un site sobre n’est pas un site bridé. C’est un site clair, rapide, utile — qui mobilise juste ce qu’il faut. »

Réduire le nombre de requêtes serveur

Comprendre l'impact des requêtes

Chaque élément chargé par une page (image, feuille de style, script, police, outil tiers) génère une requête HTTP. À chaque chargement, le navigateur échange des données avec un serveur, ce qui mobilise de l’énergie côté infrastructure, côté réseau et côté appareil utilisateur.

 

Un site peut facilement dépasser les 100 requêtes par page si rien n’est rationalisé. Et au-delà d’un certain seuil, la performance chute, tout comme le score EcoIndex.

Ce qui peut être mis en place

Quand on optimise un site dans une logique d’écoconception, on peut chercher à réduire le nombre de requêtes de façon stratégique. Concrètement, cela signifie :

  • Combiner les fichiers CSS et JS quand c’est pertinent ;
  • Supprimer les appels externes superflus, notamment les scripts tiers inutilisés (polices, icônes, widgets) ;
  • Éviter les services tiers systématiques chargés sur toutes les pages, comme les chats, les pixels ou les CDN trop gourmands ;
  • Retarder le chargement de certains éléments (lazy loading, chargement à l’interaction).

Pourquoi c'est prioritaire

Réduire les requêtes, c’est accélérer le site, limiter les échanges de données, et désengorger le réseau. C’est un levier essentiel du référentiel GreenIT, car il agit à la fois sur l’énergie consommée, la bande passante utilisée, et la fluidité ressentie. Il faudrait le considérer systématiquement comme un pilier d’optimisation, au même titre que la réduction du poids des pages.

Structurer un DOM propre et peu profond

Pourquoi le DOM compte autant

Le DOM (Document Object Model) représente l’arborescence HTML de la page, que le navigateur parcourt pour en afficher le contenu. Lorsqu’il est trop profond, trop chargé ou mal structuré, il devient une source de ralentissements et de surcharge côté client, en particulier sur les terminaux peu puissants.

 

Ce n’est pas un détail : plus le DOM est complexe, plus le navigateur doit effectuer de calculs pour chaque mise à jour, animation ou interaction. Cela mobilise de la mémoire, du CPU (Central Processing Unit) et impacte directement l’empreinte énergétique de l’affichage.

Ce qu'il faut corriger ou anticiper

Veillez à concevoir une structure HTML claire et sobre, que ce soit dans une logique de refonte ou de développement :

  • Éviter les imbrications inutilesde balises <div> ou de composants empilés ;
  • Favoriser les balises sémantiques(<section>, <article>, <nav>, etc.), qui facilitent à la fois le rendu, l’accessibilité et le référencement ;
  • Limiter le volume total de nœuds DOMà ce qui est strictement nécessaire ;
  • S’appuyer sur des structures CSS modernes (Grid, Flexbox) qui permettent d’organiser proprement les éléments sans duplication.

Un levier technique… mais stratégique

Ces bonnes pratiques ne relèvent pas uniquement de la qualité du code : elles ont un impact environnemental mesurable, reconnu dans le référentiel GreenIT. Un DOM optimisé améliore les performances, réduit la consommation énergétique côté client, et renforce la compatibilité avec les appareils anciens ou modestes.

Optimiser
la navigation
et la logique fonctionnelle

L’écoconception, ce n’est pas que du code

Le référentiel GreenIT intègre aussi des critères liés à l’utilité réelle du site et à la fluidité du parcours utilisateur. Un site n’est pas sobre parce qu’il en fait moins : il l’est parce qu’il évite ce qui ne sert à rien. Des détours inutiles, des micro-fonctionnalités jamais utilisées, des pages qui dispersent plutôt qu’elles n’aident… tout cela mobilise de la ressource, fatigue l’utilisateur, et diminue l’efficacité globale du dispositif.

Ce qui peut être mis en place

Il faut penser à intégrer ces enjeux très tôt, dès la structuration de l’arborescence et des parcours :

  • Concevoir des architectures de navigation simples et cohérentes ;
  • Réduire la profondeur inutile (moins de clics pour atteindre une information) ;
  • Identifier les fonctionnalités essentielles, en supprimant celles qui ne répondent à aucun usage concret ;
  • Veiller à ne pas dupliquer l’information sans raison, ni fragmenter l’expérience en micro-pages ou modules gadgets.

Un impact écologique, mais aussi stratégique

Moins de pages vues pour atteindre un objectif, c’est moins de bande passante, moins de temps de calcul, moins de ressources sollicitées. Mais c’est aussi plus d’efficacité, plus de clarté, et souvent plus de conversion.

 

Ce levier est modérément pondéré dans le référentiel, mais il renforce tous les autres. Il améliore l’expérience, réduit le taux d’abandon, et structure le site pour durer.

Limiter le contenu inutile et les mises à jour fréquentes

Produire moins, mais mieux

Un site ne devient pas sobre uniquement parce qu’il est bien codé. Il l’est aussi par la qualité et la pertinence de ses contenus. Le référentiel GreenIT insiste sur ce point : un contenu inutile est une dette éditoriale. Il alourdit l’architecture, sollicite les serveurs, les systèmes de sauvegarde, le crawl SEO, et les mises à jour. Et surtout, il ne rend aucun service réel à l’utilisateur.

Ce qui est recommandé

Dans chaque projet, prenez le temps d’auditer la couche éditoriale avec un œil critique :

  • Supprimer ou archiver les pages obsolètes, non consultées ou redondantes ;
  • Éviter les duplications déguisées d’un même message ou sujet ;
  • Limiter les modules de contenus dynamiques s’ils n’apportent pas de valeur (actualités peu lues, flux sociaux intégrés, citations tournantes…),
  • Réduire la taille des contenus médias à ce qui est strictement nécessaire pour la compréhension ou l’illustration.

Des effets concrets et mesurables

Un contenu allégé, bien hiérarchisé, pensé pour durer, permet de réduire significativement la consommation de bande passante, la charge serveur et les efforts de maintenance. C’est aussi un facteur de clarté pour l’utilisateur et de cohérence éditoriale à long terme.

 

Ces critères sont faciles à activer dans une logique de refonte ou de réorganisation. Ils ne demandent pas de développement, mais une vraie rigueur éditoriale. C’est un levier souvent sous-estimé.

Améliorer la gestion du cache et des ressources statiques

Ne pas recalculer ce qui peut être stocké

Quand un site ne gère pas correctement son cache, il recalcule et retransmet les mêmes ressources à chaque visite. C’est inefficace, énergivore, et inutile. Une bonne gestion du cache permet d’économiser des requêtes, de soulager les serveurs, et d’accélérer l’affichage côté utilisateur.

 

GreenIT recommande ici d’agir sur plusieurs plans : côté navigateur, côté serveur, et au niveau du site lui-même.

Ce qui peut être mis en place

Vous pouvez activer des leviers simples mais puissants :

  • Définir des règles de cache HTTP précises : durée d’expiration adaptée, versioning des ressources, et éviction intelligente ;
  • Activer le cache navigateur pour toutes les ressources statiques (images, polices, fichiers CSS/JS) ;
  • Privilégier des systèmes qui permettent une génération anticipée des pages statiques (pages HTML servies directement sans appel à la base) ;
  • Et lorsque le projet le justifie, mettre en place une invalidation partielle pour éviter de tout régénérer au moindre changement.

Un levier technique rentable

Ce levier est moins prioritaire que la réduction du poids des pages ou du nombre de requêtes, mais il a un excellent rapport effort/bénéfice. Une fois en place, il améliore la performance globale du site et réduit considérablement les appels redondants au serveur.

 

À activer en priorité dans les projets à fort trafic, ou dans les refontes où la performance fait partie des enjeux métier, il s’intègre facilement dans un plan d’optimisation progressif.

Choisir un hébergement adapté et raisonnablement dimensionné

Un levier complémentaire, mais pas anodin

Dans une démarche d’écoconception web, l’hébergement n’est pas le facteur principal d’impact. C’est pourquoi les critères qui y sont liés sont moins nombreux dans le référentiel GreenIT. Néanmoins, cela ne veut pas dire qu’ils sont négligeables, surtout lorsqu’on part de zéro ou qu’on envisage une refonte.

 

Un hébergement mal dimensionné, peu transparent sur sa consommation énergétique, ou mal configuré peut annuler une partie des efforts réalisés côté design, code ou contenus.

Des critères de choix

Quand on configure un hébergement, il faut veiller à faire des choix cohérents avec la taille réelle du projet :

  • Privilégier des hébergeurs transparents sur leur mix énergétique et leurs engagements environnementaux ;
  • Choisir des offres mutualisées ou dédiées sobres, en évitant les surcapacités inutiles ;
  • Tenir compte de la localisation des data centers, pour limiter les distances de transfert de données ;
  • Et ajuster l’infrastructure à l’usage réel du site : trafic, fréquence des mises à jour, poids des contenus.

Un levier à ne pas surévaluer, mais à ne pas ignorer

Changer d’hébergeur n’est pas une solution miracle. Si l’architecture du site est lourde, le poids des pages excessif ou le nombre de requêtes non optimisé, aucun hébergement “vert” ne compensera ces faiblesses.

 

Mais si les autres leviers sont maîtrisés, un hébergement bien choisi permet d’aller au bout de la démarche.

Ce que je vous propose avec ADBEONA

Chez ADBEONA, je conçois, j’audite et j’optimise des sites avec une exigence simple mais essentielle : ne pas faire “moins”, mais faire mieux, de façon raisonnée et durable.

 

Mon approche repose sur une conviction forte : un site éco-conçu n’est pas un site bridé, c’est un site plus clairplus rapideplus utile, qui mobilise juste ce qu’il faut, ni plus, ni moins.

Concrètement, cela se traduit par :

  • Un cadrage stratégique rigoureux, fondé sur l’utilité réelle pour vos utilisateurs ;
  • Un socle technique léger et maintenable, sans complexité superflue ;
  • Une conception UX fluide et lisible, qui limite les détours et facilite l’accès à l’information ;
  • Une ligne éditoriale structurée, pertinente et épurée, pour ne garder que l’essentiel ;
  • Un développement web sobre, aligné sur les critères du référentiel GreenIT ;
  • Et un accompagnement modulaire, que ce soit pour un audit ponctuel, une refonte complète ou une optimisation progressive.

 

Mon objectif : vous aider à créer des sites qui durent, qui convertissent et qui polluent moins.